Au Burkina Faso, de nombreuses personnes, surtout les jeunes, entendent souvent parler des « IST » sans toujours savoir de quoi il s’agit exactement. Pourtant, les infections sexuellement transmissibles sont une réalité qui touche beaucoup de monde, souvent dans le silence. Parler des IST, c’est parler de santé, d’amour responsable et de respect de soi et de son ou sa partenaire. Ce billet vous aide à mieux comprendre les IST, leurs dangers et surtout les moyens de s’en protéger.

Les IST, ou infections sexuellement transmissibles, sont des maladies qui se transmettent lors des rapports sexuels non protégés avec une personne infectée. Elles peuvent aussi se transmettre de la mère à l’enfant pendant la grossesse ou l’accouchement, ou encore à travers le sang contaminé. Les IST ne font pas de différence : hommes, femmes, jeunes ou adultes, tout le monde peut être concerné. Cependant, les jeunes filles sont souvent plus exposées à cause du manque d’informations, de la peur de poser des questions ou encore de certaines inégalités sociales.

Au Burkina Faso, les IST les plus fréquentes sont la syphilis, la gonococcie (qu’on appelle souvent “chaude-pisse”), la chlamydiose, l’herpès génital, le VIH/SIDA et les hépatites B et C. La syphilis se manifeste au début par une petite plaie indolore sur les parties intimes. Sans traitement, elle peut atteindre le cœur, le cerveau ou causer des fausses couches. La gonococcie donne des brûlures en urinant et des écoulements jaunâtres, tandis que la chlamydiose, souvent silencieuse, peut abîmer les trompes chez la femme et provoquer la stérilité. L’herpès génital cause des petites cloques douloureuses sur les organes génitaux et reste dans le corps à vie. Le VIH affaiblit le système immunitaire, mais grâce aux traitements disponibles, les personnes infectées peuvent vivre longtemps et en bonne santé. Les hépatites, quant à elles, s’attaquent au foie et peuvent être très dangereuses si elles ne sont pas prises en charge.

Le plus souvent, les IST ne montrent pas de signes visibles au début. Beaucoup de personnes infectées ne ressentent rien, mais peuvent quand même transmettre la maladie à d’autres. Cependant, certains signes doivent alerter : démangeaisons, brûlures, pertes inhabituelles, mauvaises odeurs, douleurs pendant les rapports sexuels, petites plaies ou boutons sur les organes génitaux, fièvre ou fatigue sans raison. Dès qu’un de ces signes apparaît, il faut aller se faire dépister dans un centre de santé. Il ne faut surtout pas attendre ou se soigner seul avec des médicaments achetés au marché ou des décoctions traditionnelles. Les IST se traitent efficacement dans les formations sanitaires où le personnel garde la confidentialité.

Se faire dépister est une démarche importante. Beaucoup de personnes évitent le dépistage par peur d’être jugées, mais se connaître, c’est se protéger. Le dépistage permet de recevoir un traitement à temps, d’éviter les complications, de protéger les autres et d’avoir l’esprit tranquille. Dans plusieurs villes du pays, des centres jeunes et des cliniques partenaires du Ministère de la Santé, de l’ABPF ou de Marie Stopes proposent des dépistages gratuits ou à coût réduit.

Pour se protéger des IST, le moyen le plus sûr est d’utiliser le préservatif à chaque rapport sexuel. Le préservatif masculin ou féminin protège à la fois du VIH et des autres IST. Il faut l’utiliser du début à la fin du rapport, même avec une personne que l’on croit “propre”, car une IST ne se voit pas à l’œil nu. Les préservatifs sont disponibles gratuitement dans les CSPS, les pharmacies, certaines associations de jeunes et les cliniques. Il est aussi important d’éviter les rapports sexuels précoces ou avec plusieurs partenaires. Plus on commence tôt, plus le risque est grand. Avoir plusieurs partenaires augmente aussi le danger. Il vaut mieux avoir des relations fidèles, responsables et protégées. Même si on ne ressent aucun symptôme, il est conseillé de faire un dépistage au moins une fois par an, et chaque fois qu’on change de partenaire, il est préférable de faire le test ensemble avant de commencer des relations.

Il faut également éviter le partage de matériel non stérilisé comme les aiguilles, rasoirs ou instruments de tatouage, car certaines IST se transmettent aussi par le sang. L’automédication est à éviter. Au Burkina, beaucoup de gens ont l’habitude de se soigner seuls ou d’utiliser des remèdes traditionnels achetés au marché, mais cela peut aggraver la maladie ou rendre le traitement plus difficile. Seul le personnel de santé peut poser un bon diagnostic et donner un traitement adapté.

Ignorer une IST, c’est prendre un grand risque. Sans traitement, ces infections peuvent provoquer la stérilité, des douleurs chroniques, des grossesses extra-utérines, des fausses couches répétées ou même la transmission du virus au bébé pendant la grossesse ou l’accouchement. Certaines IST comme la syphilis ou la gonococcie se guérissent complètement, mais d’autres comme le VIH ou l’herpès ne disparaissent pas : on apprend à vivre avec, grâce aux soins et au suivi médical.

Dans notre société, parler des IST ou de sexualité reste encore difficile. Les sujets sont souvent tabous, surtout entre parents et enfants. Pourtant, le silence ne protège personne. Les jeunes ont besoin d’informations claires et fiables pour faire des choix responsables. Les parents, les éducateurs, les associations et les leaders communautaires doivent encourager un dialogue ouvert et sans jugement. Les IST ne doivent plus être vues comme une honte, mais comme une question de santé publique. Chacun peut jouer un rôle : parler, sensibiliser, encourager les dépistages, accompagner ceux qui sont touchés.

En résumé, les IST ne sont pas une fatalité. Avec la bonne information, la prévention et le dépistage, il est possible de les éviter et de vivre une sexualité saine et responsable. Le préservatif est ton allié, le dépistage régulier te protège, la fidélité et la communication dans le couple sont essentielles, et surtout, ne garde pas le silence. Parler, c’est déjà se protéger. Se protéger, c’est s’aimer. Et aimer, c’est aussi protéger l’autre. Au Burkina Faso comme ailleurs, la santé sexuelle est un droit pour tous. Prenons soin de nous, de nos partenaires et de nos communautés.

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