À l’ère du numérique, les réseaux sociaux et les plateformes en ligne sont devenus des espaces incontournables d’expression, de mobilisation et d’autonomisation. Pourtant, pour de nombreuses femmes et jeunes filles, ces espaces peuvent aussi se transformer en lieux de violences, d’exclusion et de discrimination. C’est dans ce contexte que s’est tenu, le 02 décembre 2025 à Ouagadougou, un atelier de formation consacré aux violences numériques faites aux femmes et jeunes filles en situation de handicap, organisé par le Réseau des Héroïnes du Faso, et soutenu par son partenaire, le Fonds Pananetugri, dans le cadre de la campagne mondiale des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.
Les violences numériques prennent aujourd’hui de multiples formes : cyberharcèlement, insultes, menaces, chantage, diffusion non consentie d’images intimes, usurpation d’identité ou encore discours de haine. Souvent minimisées, ces violences ont pourtant des conséquences profondes sur la santé mentale, la dignité et la participation sociale des victimes.
Au Burkina Faso, les femmes et jeunes filles en situation de handicap sont particulièrement exposées. En ligne comme hors ligne, elles subissent une double discrimination : liée à leur genre et à leur handicap. Moqueries sur leur apparence ou leur voix, propos dénigrants, remise en cause de leur légitimité à être présentes sur les réseaux sociaux… autant de réalités qui poussent certaines à se taire, à se retirer des espaces numériques ou à renoncer à des opportunités économiques et citoyennes. À cela s’ajoutent la méconnaissance des droits numériques, le faible accès aux formations en cybersécurité et l’absence de mécanismes de protection réellement inclusifs. Beaucoup de femmes handicapées ne savent pas comment signaler un abus, protéger leurs données personnelles ou demander de l’aide sans craindre des représailles sociales ou familiales.
Face à ce constat, le Réseau des Héroïnes du Faso, avec le soutien technique et financier du Fonds Pananetugri, a organisé un atelier de formation placé sous le thème :
« Femmes handicapées et violences numériques : agir pour un espace digital sûr et inclusif ». Animé par une consultante en cybersecurity awareness, l’atelier a réuni 15 participantes : femmes et jeunes filles en situation de handicap, représentantes d’organisations de personnes handicapées, et activistes des droits des femmes. L’objectif était clair : outiller les participantes pour mieux comprendre, prévenir et dénoncer les violences numériques, tout en renforçant leur autonomie et leur confiance dans l’usage du numérique. L’atelier a adopté une méthodologie participative, favorisant l’expression et le partage d’expériences. Après un exercice de brise-glace intitulé « la boîte aux lettres positives », qui a permis de créer un climat de confiance, les échanges se sont articulés autour de trois modules clés. Le premier module a permis de mieux comprendre les violences numériques au Burkina Faso, leurs différentes formes et leurs impacts spécifiques sur les femmes handicapées. Le second module a porté sur les droits numériques, la protection des comptes, la confidentialité des données et les mécanismes de signalement, à travers des études de cas concrets. Enfin, le troisième module a pris la forme d’un atelier pratique de création de messages de sensibilisation, dans une logique de communication inclusive.
L’un des moments les plus marquants de l’atelier a été le partage de témoignages. Plusieurs participantes ont raconté des expériences de harcèlement, de chantage ou d’usurpation d’identité en ligne. Le témoignage d’une des participantes a particulièrement interpellé l’auditoire. Elle a relaté le cas d’une femme handicapée pratiquant la vente en ligne, régulièrement ciblée par des propos stigmatisants l’invitant à « faire la mendicité » plutôt que d’être active sur les réseaux sociaux. Pire encore, son image et ses messages ont été utilisés par une tierce personne pour solliciter de l’aide en son nom. Ces récits ont mis en lumière la violence des préjugés et la difficulté, pour certaines femmes handicapées, de se défendre efficacement en ligne faute d’outils et d’accompagnement.
Au-delà de la formation, l’atelier a servi de cadre à la co-création d’une campagne digitale de sensibilisation. Réparties en groupes, les participantes ont élaboré dix messages, dont cinq ont été retenus pour la campagne. Au total, sept affiches ont été produites : une affiche d’annonce, cinq affiches portant les messages clés et une affiche de clôture. Ces visuels ont été diffusés sur les réseaux sociaux du Réseau des Héroïnes du Faso, Facebook, LinkedIn, X, TikTok et Instagram, afin d’amplifier la voix des femmes handicapées et de sensibiliser un public plus large aux violences numériques.
Parce que la sécurité numérique est un droit fondamental, il est urgent que les politiques publiques, la société civile, les familles et les communautés s’engagent collectivement pour que le numérique devienne un espace sûr, inclusif et émancipateur pour toutes.
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