Chaque 28 mai, le monde entier se mobilise pour célébrer la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle. Cette date symbolique, qui unit les 28 jours du cycle menstruel au cinquième mois de l’année, est l’occasion de mettre en lumière un sujet encore trop souvent tabou : les règles.
C’est dans cette dynamique que nous publions ce billet en mai, mois de sensibilisation à la dignité menstruelle, pour affirmer haut et fort que parler des règles ne devrait jamais être source de honte. Les menstruations sont un processus naturel, biologique et universel, qui concerne plus de la moitié de la population mondiale. Pourtant, au Burkina Faso comme dans de nombreux pays, les règles restent enveloppées de silence, de gêne, de fausses croyances et de stigmatisation.
Dans plusieurs communautés, elles sont associées à la saleté, à l’impureté ou à une malédiction. Des filles se voient interdire d’entrer dans les lieux de culte, de toucher certains objets, voire de cuisiner pendant cette période. Ces idées reçues, profondément ancrées dans les mentalités, affectent lourdement la santé mentale, physique et sociale des jeunes filles et des femmes. Beaucoup d’adolescentes reçoivent leurs premières règles sans même savoir ce qu’il leur arrive. Faute d’information, elles croient être malades ou punies. Ce manque d’éducation menstruelle nourrit la peur, la honte, l’isolement. À cela s’ajoute le manque d’accès à des produits hygiéniques sûrs, abordables et adaptés. Dans les zones rurales ou à faible revenu, des jeunes filles utilisent encore du tissu sale, du sable, du papier ou des feuilles, avec des risques importants d’infections. D’autres s’isolent, manquent l’école, parfois jusqu’à cinq jours par mois, et finissent par décrocher, compromettant leur avenir.
L’hygiène menstruelle ne se résume pas à posséder des serviettes : elle inclut l’accès à l’eau, à des toilettes sûres, à des espaces privés pour se changer, à des informations fiables et à un environnement sans jugement. Le défi est donc multidimensionnel, et il appelle des solutions globales. Dans les écoles, le manque d’installations adaptées, l’absence de dispositifs de gestion des déchets et la peur d’être moquée poussent de nombreuses adolescentes et jeunes filles à rester chez elles. Le lien entre menstruations et abandon scolaire est une réalité bien documentée. Pourtant, l’école peut être un levier puissant pour changer les choses. Intégrer l’éducation menstruelle dans les programmes scolaires, sensibiliser aussi bien les filles que les garçons, former les enseignants à aborder ce sujet sans gêne, fournir des kits hygiéniques réutilisables et construire des infrastructures sanitaires adéquates sont autant d’actions simples mais essentielles. Car les garçons ont également un rôle à jouer. Tant qu’ils resteront ignorants ou moqueurs, le cycle menstruel continuera d’être vécu comme une honte. En les informant dès le plus jeune âge, on brise les stéréotypes, on favorise l’inclusion, et on prépare une génération d’hommes plus respectueux, plus compréhensifs, plus solidaires.
Des initiatives positives émergent sur le terrain. Des associations locales comme Suplamar et le Réseau des Héroïnes du Faso forment des jeunes filles à fabriquer des serviettes hygiéniques réutilisables, combinant éducation, santé et autonomisation économique. Certaines structures distribuent des kits menstruels dans les écoles, accompagnés de séances de sensibilisation. D’autres intègrent l’hygiène menstruelle dans des programmes plus larges de santé reproductive ou de leadership féminin. Ces actions montrent qu’il est possible d’agir localement, avec peu de moyens, mais avec beaucoup d’impact. Toutefois, il reste encore du chemin. Pour que chaque fille puisse vivre ses règles dans la dignité, il faut que l’État, les collectivités, les ONG, les partenaires techniques, les parents, les chefs religieux et coutumiers, les enseignants, les jeunes eux-mêmes, s’engagent ensemble.
Il faut briser le silence, investir dans les infrastructures, subventionner les produits hygiéniques, soutenir les innovations locales, et surtout, changer les mentalités. Car non, les règles ne sont pas une honte. Elles sont un signe de santé, de fertilité, de vie. Ce sont les regards stigmatisants, les pratiques discriminatoires et le manque de considération qui sont honteux. En mai, mois de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, nous réaffirmons que chaque fille, chaque femme, a le droit de vivre ses menstruations dans la sécurité, le confort, l’information et le respect. Ce droit est un droit humain. Il est temps que nous cessions de faire des règles un sujet honteux. Parlons-en. Éduquons. Agissons. Parce qu’une société qui permet à ses filles de gérer leurs règles dignement est une société qui avance avec elles, et non contre elles.
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