Dans une société où les inégalités, les violences basées sur le genre et les rapports de domination persistent, parler de consentement n’est pas un luxe. C’est une nécessité urgente. Trop souvent relégué au second plan, mal compris ou totalement ignoré, le consentement est pourtant la base de toute relation saine, qu’elle soit amoureuse, amicale, familiale ou professionnelle.
Il s’agit d’une notion simple, mais puissante : le consentement, c’est dire « oui » librement, clairement, et en toute conscience. Ce n’est ni un silence, ni une absence de « non », ni un acte mécanique. C’est une décision volontaire, qui se donne sans peur, sans pression, sans manipulation. C’est un droit fondamental, une reconnaissance du fait que chaque individu est maître de son corps, de ses choix, de ses limites.
Pourtant, dans des contextes comme celui du Burkina Faso, le consentement est encore tabou. Les normes sociales, les traditions patriarcales et une éducation insuffisante à la sexualité rendent difficile son intégration réelle dans la société. Dans les écoles, les familles, les couples, le consentement est rarement enseigné. On apprend aux filles à se taire, à obéir, à ne pas provoquer. Aux garçons, on apprend à insister, à conquérir, à dominer. Le résultat ? Des jeunes qui grandissent avec une vision biaisée des relations, des femmes qui subissent sans pouvoir dire non, et des hommes qui ne se rendent même pas compte qu’ils franchissent des limites.
Mais le consentement, ce n’est pas juste une affaire de sexualité. C’est un principe universel qui s’applique dans tous les aspects de la vie. C’est demander avant de toucher, respecter un « non », savoir qu’on peut changer d’avis à tout moment. Dans les relations sexuelles, bien sûr, le consentement est central. Aucune relation intime ne peut être saine sans un accord clair et enthousiaste des deux parties. Même dans le mariage, le viol existe. Être en couple ne donne pas le droit automatique d’imposer quoi que ce soit. Le consentement doit être renouvelé, respecté, et écouté. En son absence, c’est une agression, une violence. Le consentement, c’est aussi un rempart contre les grossesses non désirées, les infections sexuellement transmissibles, les traumatismes psychologiques. Il protège, responsabilise et libère. Et pourtant, dans de nombreuses zones du pays, les jeunes filles n’ont même pas la possibilité d’exprimer leur refus. Mariées de force, soumises à l’autorité masculine, elles vivent dans le silence, la peur et la résignation.
Pour que cela change, il faut agir à tous les niveaux. Il faut d’abord briser le silence autour du consentement. En parler dans les familles, les écoles, les médias, les lieux de culte. Il faut former les professionnel·le·s de santé, les enseignant·e·s, les leaders communautaires pour qu’ils deviennent des relais de cette culture du respect. Il faut rendre effectif l’éducation à la vie familiale dans les programmes scolaires, pas pour choquer ou corrompre, mais pour informer, prévenir, libérer. Il faut aussi responsabiliser les hommes et les garçons. Le respect du consentement ne repose pas sur la vigilance des femmes, mais sur la capacité des hommes à entendre un « non », à le respecter, à comprendre qu’aucune relation ne vaut si elle est imposée. Refuser d’accepter cette réalité, c’est entretenir la culture du viol.
Le consentement est un outil de justice, d’égalité et de paix. Il permet de déconstruire les rapports de pouvoir malsains, de bâtir des relations fondées sur la confiance, l’écoute et la réciprocité. Il est le socle sur lequel nous devons reconstruire nos sociétés, pour en faire des espaces sûrs pour toutes et tous. Ce combat ne se gagnera pas en un jour, mais il commence par une prise de conscience individuelle et collective. Il commence quand on cesse de dire « ce n’est pas si grave » et qu’on commence à dire « chaque non compte ». Il commence quand on croit les victimes, qu’on les soutient, qu’on agit pour prévenir plutôt que réparer.
Le consentement est une culture. Une culture du respect, de la liberté et de la responsabilité. Il est temps de la cultiver, de l’incarner, et de la transmettre. Pour que chaque individu, quel que soit son âge, son genre ou son statut, puisse dire « oui » quand il en a envie, et « non » quand il en a besoin, sans crainte d’être puni, humilié ou rejeté. Parce qu’un monde sans consentement est un monde de violence. Et qu’un monde qui respecte le consentement est un monde plus juste, plus humain, plus libre.
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