SEM Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies dès son entrée en fonction a fait de la prévention, notamment des conflits violents, une priorité. Il disait que : « La participation active des jeunes peut faire sensiblement pencher la balance lorsqu’il s’agit de conjurer la violence et les guerres. Cette contribution doit être reconnue, soutenue et encouragée comme une condition préalable indispensable à l’aboutissement des efforts déployés pour établir une paix durable. ».

En septembre 2015, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la résolution 2250 qui engage l’ONU, les Etats, et la Société Civile à faire avancer la participation des jeunes à la consolidation de la paix, la prévention et leur protection contre les effets néfastes des conflits. Suivront les résolutions 2419 et 2535 qui s’investissent dans la même lancer à faire des jeunes, des acteurs à titre plein de la transformation positive des conflits et la co-construction d’une paix inclusive et durable. Les Nations Unies à travers ces résolutions s’engagent, exhortent les Etats et encouragent la Société Civile à implémenter des actions visant à intégrer la dimension jeune dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Au niveau des Etats la mise en œuvre de l’Agenda Jeunesse Paix (PAN) et sécurité devait s’opérationnaliser à travers des Plans d’Actions Nationaux (PAN) en prenant en compte les recommandations des résolutions 2250, 2419, 2535, les besoins des jeunes et les enjeux socio-économiques et sécuritaires des Etats.  De nos jours, 100 pays sur 190 ont adopté au moins un plan d’action national.

Depuis l’adoption de la résolution 2250, le Burkina Faso est toujours à la traine. Jusqu’à ce jour, pays ne dispose pas de Plan d’Action National de mise en œuvre de l’agenda Jeunesse Paix et Sécurité. Pourtant, la thématique est plus que d’actualité au regard de la situation socio-politique et sécuritaire. L’urgence nous impose de considérer la jeunesse burkinabè comme un atout de transformation profonde de notre société et non comme un danger. Le chômage, l’extrême pauvreté, l’analphabétisme sont des portes ouvertes à l’extrémisme des jeunes. Lorsque leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte, ce sentiment d’exclusion et de marginalisation conduit les jeunes à devenir des acteurs de premier plan dans les conflits : Ils alimentent les tensions et s’engagent dans les affrontements. Ils sont également les premiers en termes de victimes. Lorsque des milliers d’écoles sont fermées, ce sont les jeunes qui en payent le plus lourd tribut. Pire, les jeunes filles demeurent les plus grandes victimes de violences sexuelles dans les conflits. C’est pourquoi il est essentiel d’accroitre le leadership de jeunes, leurs capacités techniques et opérationnelles afin qu’ils ne soient plus des acteurs des conflits, mais plutôt des acteurs de la construction d’un Burkina Faso de paix.   Graeme Simpson, auteur principal de l’étude commandée par le Conseil de Sécurité de l’ONU intitulée  Les absents de la paix : étude indépendante sur la jeunesse, la paix et la sécurité, est catégorique : « Tant que nous ne nous attaquerons pas au problème de l’exclusion des jeunes, nous ne pourrons pas empêcher les problèmes de l’extrémisme des jeunes ».

L’Association Development by Young People (ADYP) est engagée depuis sa création à l’édification d’une jeunesse encline à la paix et résolument engagée dans le développement du Burkina Faso. Elle note que l’absence d’un cadre structuré d’actions en faveur de l’intégration de la jeunesse dans les politiques publiques en lien avec la paix constitue un obstacle majeur à la participation effective des jeunes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.  C’est pourquoi elle interpelle l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers et la Société Civile à œuvrer pour la mise en œuvre de l’agenda Jeunesse Paix et Sécurité au Burkina Faso.

  • A l’endroit de l’Etat :

Adopter et mettre en œuvre un Plan d’Action National de mise en œuvre des résolutions 2250, 2419 et 2535 du Conseil de Sécurité des Nations Unies

Impliquer les jeunes et organisations de jeunes dans les processus de paix au niveau international, national et local

Intégrer la dimension jeunesse dans les politiques publiques de développement en prenant en compte les besoins spécifiques et intersectionnés des jeunes

Accroitre la présence active des jeunes dans les instances de prise de décision (gouvernement, parlement, collectivités territoriales)

  • A l’endroit des partenaires techniques et financiers :

Accroitre le financement des initiatives de consolidation de la paix des jeunes

Orienter les actions de promotion de la paix vers l’implication des jeunes et des femmes

Appuyer le renforcement des capacités techniques et opérationnelles des organisations de jeunes sur la planification, la mise en œuvre et l’évaluation de projets de « peacebuilding »

  • A l’endroit des Organisations de jeunes et OSC œuvrant dans l’agenda jeune paix et sécurité :

Promouvoir des actions concertées, cohérentes à fort impact social visant la participation effective des jeunes à la consolidation de la paix

Fédérer les énergies afin d’accélérer et d’intensifier le plaidoyer pour la mise en œuvre de l’agenda Jeunesse-Paix et Sécurité au Burkina Faso

Promouvoir l’expertise des jeunes dans la réalisation des projets de consolidation de la paix

La jeunesse burkinabè sera ce que le Burkina Faso aura fait d’elle. Le Burkina Faso sera ce que la jeunesse aura fait de lui. Alors construisons avec la jeunesse, le Burkina que nous voulons : un Burkina Faso de paix et de prospérité.


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